Guillaume Noblet, directeur commercial chez Virta nous donne des informations précieuses sur les véhicules électriques. La technologie de recharge ont été le centre des attentions durant cet échange.
Pouvez-vous nous présenter comment évolue le secteur des solutions de recharge électrique et les tendances qui se font remarquer en France en ce moment ?
Je suis Guillaume Noblet. Je suis directeur commercial de l’Europe du Sud. Cela inclut les pays de France, d’Espagne et d’Italie. Je suis à la tête de l’équipe Virta du Sud. Elle se compose d’environ 12 personnes. La plupart ont des fonctions commerciales. Notre métier chez Virta, c’est de fournir aux entreprises et aux grands acteurs publics des solutions innovantes de recharge de véhicules électriques. Nous ne faisons pas dans la recharge individuelle pour les maisons. On est plutôt spécialisés sur la recharge auprès d’acteurs publics ou entreprises.
Le secteur des infrastructures de recharge pour véhicules électriques (IRVE) connaît une dynamique impressionnante, avec des investissements conséquents tant du côté public que privé. À la fin de l’année dernière, la France s’était fixé un objectif ambitieux de déployer 100 000 points de recharge. Aujourd’hui, ce cap est non seulement atteint, mais largement dépassé, avec plus de 125 000 points de recharge opérationnels à travers le pays. Cette croissance rapide est le fruit d’un effort collectif qui combine les initiatives du gouvernement, les subventions et les partenariats avec des entreprises privées. Cela permet d’offrir un maillage de plus en plus dense, essentiel pour faciliter l’adoption des véhicules électriques, notamment dans les zones rurales ou les régions moins densément peuplées.
Une avancée notable concerne les autoroutes françaises : le réseau est désormais entièrement couvert, avec un taux de 100 % de points de recharge disponibles sur les aires de service. Cette couverture continue d’évoluer, notamment avec l’installation de bornes haute capacité capables de recharger un véhicule en un temps record, permettant ainsi de renforcer la transition énergétique tout en offrant une expérience de recharge fluide et sans contrainte pour les conducteurs.
Pour Virta, acteur clé dans ce secteur, ces avancées sont cruciales. Elles permettent non seulement de renforcer l’infrastructure, mais aussi d’intégrer des solutions intelligentes. Par exemple, la mise en place de bornes connectées permet de mieux gérer les pics de consommation énergétique et d’optimiser les coûts pour les entreprises tout en garantissant une recharge rapide et efficace. Ces systèmes intelligents jouent un rôle essentiel dans le processus de décarbonatation, tout en répondant aux besoins spécifiques des entreprises en matière de flexibilité et de gestion énergétique.
Quelles sont les attentes principales des acteurs de la mobilité électrique, que ce soit au niveau de la sécurité, mais aussi de la fiabilité des infrastructures ?
Les attentes des acteurs de la mobilité électrique varient grandement en fonction du type d’utilisation des véhicules. Prenons l’exemple d’une flotte de camions utilisés pour la livraison de dernier kilomètre : ces véhicules ont des besoins spécifiques en matière de recharge. La disponibilité des bornes devient alors une exigence critique. En effet, pour une entreprise de transport, chaque minute de non-disponibilité d’une borne est synonyme de perte de productivité, voire de retards dans les livraisons. Le temps de disponibilité des infrastructures de recharge devient un indicateur clé de performance. Une borne défectueuse ou inaccessible pourrait mettre en péril l’ensemble de l’opération logistique.
À l’inverse, pour une entreprise qui fournit des bornes de recharge sur son propre parking pour ses employés, la situation est moins urgente. Les utilisateurs peuvent tolérer quelques pannes occasionnelles, car l’impact sur l’activité est moins direct. Cependant, la fiabilité reste un critère fondamental. Même dans ce cadre, les entreprises veulent s’assurer que les bornes soient fonctionnelles et accessibles, car la confiance des employés dans ces infrastructures joue un rôle majeur dans l’adoption des véhicules électriques. Cela améliore aussi leur expérience collaborateur.
Est-ce que vous pouvez nous présenter les opportunités que la transition énergétique offrent aux entreprises spécialisées dans la recherche des véhicules électriques ?
Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à adopter des véhicules électriques. Bien que l’aspect environnemental soit souvent au cœur de la décision, d’autres facteurs jouent un rôle tout aussi déterminant. La volonté de se conformer aux régulations sur le verdissement des flottes, notamment celles imposées par les lois européennes et nationales sur la réduction des émissions de CO2, poussent de nombreuses entreprises à passer à l’électrique. Mais au-delà de cette obligation légale, il y a un enjeu économique important : la réduction des coûts de fonctionnement. En effet, les véhicules électriques offrent un coût d’entretien bien inférieur à celui des modèles thermiques. Moins de pièces mobiles, pas de changement d’huile, et des coûts de carburant significativement plus bas grâce à l’électricité, qui reste une source d’énergie plus économique sur le long terme.
J’insiste sur un point crucial : la transition énergétique permet aussi de réaliser des économies significatives sur la consommation énergétique, en particulier avec l’évolution des technologies de recharge. Les bornes de recharge intelligentes permettent d’optimiser la gestion de l’énergie, en ajustant la puissance de charge en fonction des besoins de l’entreprise, ce qui évite des pics de consommation énergétiques coûteux. Certaines entreprises vont même plus loin, en utilisant des solutions de gestion de la charge qui prennent en compte les tarifs variables de l’électricité pour limiter les coûts, en rechargeant les véhicules pendant les heures creuses où les tarifs sont plus bas.
Pour certains secteurs, notamment la logistique, la transition vers des véhicules électriques est perçue comme un moyen d’améliorer la qualité de vie au travail. En effet, les camions électriques et les véhicules utilitaires sont souvent plus agréables à conduire que leurs homologues thermiques : moins de bruit, moins de vibrations, et un confort de conduite accru, surtout sur de longues distances. Cela peut avoir un impact direct sur la motivation et la productivité des conducteurs, tout en renforçant l’image de l’entreprise comme un acteur moderne et responsable.
Ainsi, l’adoption des véhicules électriques par les entreprises ne se limite pas à un impératif écologique. Elle est également motivée par des considérations économiques et sociales qui, dans de nombreux cas, font du passage à l’électrique un choix stratégique pour les entreprises.
Comment faites-vous pour vous adapter aux nouvelles exigences de la NIS 2 ?
La directive NIS2, entrée en vigueur en 2021, impose des exigences de cybersécurité strictes et s’applique désormais à un nombre croissant de secteurs jugés essentiels, y compris les infrastructures de recharge pour véhicules électriques. En tant que tels, ces systèmes de recharge sont désormais considérés comme des éléments critiques de l’infrastructure numérique d’un pays, ce qui les place sous une surveillance accrue en matière de sécurité informatique. Pour Virta, cela représente un défi majeur mais aussi une opportunité de se différencier en matière de sécurité des données et de résilience des infrastructures.
La conformité à la directive NIS2 est un impératif stratégique pour toutes les entreprises du secteur. En pratique, cela signifie que Virta a dû renforcer constamment ses processus internes en matière de cybersécurité. Cela inclut la mise en place de solutions de détection des cyberattaques en temps réel, l’adoption de protocoles de chiffrement des données et la formation continue des équipes pour faire face à l’évolution rapide des menaces. Les incidents de cybersécurité sont désormais gérés de manière proactive, avec des plans de réponse d’urgence et des tests réguliers pour garantir une gestion efficace en cas de crise. Ces démarches sont essentielles pour protéger les données des utilisateurs, mais aussi pour assurer la continuité de service des bornes de recharge.
La directive NIS2 impose également des obligations strictes en matière de notification des incidents de sécurité. En cas de cyberattaque ou d’incident majeur, les entreprises doivent informer les autorités compétentes dans un délai très court, généralement 24 heures. Cela ajoute une couche de responsabilité, mais aussi de transparence, qui permet aux régulateurs de suivre en temps réel l’évolution des menaces et de renforcer la protection des infrastructures critiques à l’échelle européenne.
En outre, le non-respect de cette directive peut entraîner des sanctions sévères. Les entreprises qui ne respectent pas les normes de cybersécurité peuvent se voir infliger des amendes pouvant atteindre 10 millions d’euros ou jusqu’à 2 % de leur chiffre d’affaires annuel mondial. Cette perspective incite les acteurs du secteur à investir massivement dans la cybersécurité, non seulement pour éviter les pénalités financières, mais aussi pour garantir la confiance des utilisateurs et des entreprises partenaires.
Est-ce que la certification ISO 27001 vous a aidé à anticiper et répondre aux différentes obligations qui ont été mises en place avec la directive NIS2 ?
Virta bénéficie de certifications ISO 27001 et SOC2, deux références en matière de sécurité et de gestion des données, qui l’aident à se conformer aux exigences strictes de la directive NIS2. La certification ISO 27001, par exemple, est un standard mondialement reconnu qui se concentre sur la gestion de la sécurité de l’information. Elle impose à l’entreprise d’adopter un système de gestion rigoureux pour protéger les données sensibles, en mettant en place des contrôles d’accès, des processus de gestion des risques et des protocoles de cryptage des informations. Cette norme garantit ainsi que Virta respecte des standards élevés en matière de sécurité, en minimisant les risques de fuites de données et en assurant la confidentialité des informations traitées par les bornes de recharge.
D’autre part, la certification SOC2, spécifiquement axée sur la gestion de la sécurité dans les environnements cloud, permet à Virta de prouver que ses pratiques en matière de sécurité, de disponibilité, de confidentialité et de confidentialité des données respectent les exigences des meilleurs standards du marché. En obtenant cette certification, Virta démontre sa capacité à maintenir une infrastructure de cloud computing fiable et sécurisée, essentielle pour gérer les données des utilisateurs des bornes de recharge tout en garantissant un service continu et performant.
Ces deux certifications ne sont pas seulement des gages de confiance pour les clients de Virta, elles imposent également un cadre strict de gouvernance et d’audits annuels. Chaque année, l’entreprise doit se soumettre à des audits externes pour s’assurer que ses systèmes de sécurité et ses processus internes sont toujours conformes aux exigences de ces certifications. Ces audits permettent de détecter d’éventuelles vulnérabilités et d’apporter les améliorations nécessaires pour maintenir des standards de sécurité rigoureux, en particulier dans le cadre du traitement des données sensibles des utilisateurs, comme les informations de paiement ou les données personnelles.
Comment est-ce que vous faites pour garantir la sécurité, la résilience de vos infrastructures par rapport aux cybermenaces?
Nous, on travaille avec AWS au niveau de la gestion de nos données et c’est eux qui nous certifient la redondance de l’information. Ils doivent, eux aussi, être conformes à la norme NIS 2 sur la criticité de nos données. Vous voyez, c’est important de ne pas partir avec n’importe quel fournisseur. Il doit vous permettre, vous aussi, d’être conforme à la norme.
Est-ce que la convergence entre cybersécurité et mobilité électrique peut-elle accélérer l’adoption de véhicules électriques et renforcer la confiance des consommateurs, en France ?
Je vois dans la convergence entre cybersécurité et mobilité électrique non seulement un enjeu stratégique mais aussi une réelle opportunité pour renforcer la confiance des consommateurs dans les véhicules électriques et les infrastructures de recharge. À mesure que l’adoption des véhicules électriques progresse, les utilisateurs se montrent de plus en plus sensibles à la sécurité de leurs données personnelles et à la fiabilité des services associés, en particulier dans le contexte des infrastructures de recharge connectées.
L’un des grands défis réside dans la mise en conformité avec des normes strictes, telles que la directive NIS2 (Network and Information Systems Directive), qui impose aux entreprises du secteur de garantir la cybersécurité de leurs réseaux. Cela nécessite une vigilance constante et l’adoption de solutions de sécurité robustes pour protéger les données échangées entre les véhicules, les bornes de recharge et les plateformes de gestion. Pour Virta, cela se traduit par l’implémentation de pratiques de sécurité de l’information de haut niveau, comme le chiffrement des données et la surveillance en temps réel des infrastructures de recharge, afin de prévenir toute intrusion ou cyberattaque.
Mais au-delà de la cybersécurité, Je souligne également l’importance de l’interopérabilité entre les bornes de recharge des différents acteurs du secteur. Aujourd’hui, les utilisateurs recherchent des solutions qui leur permettent de recharger leur véhicule électrique facilement, indépendamment de la marque ou du réseau auquel appartient la borne. Cette interopérabilité, facilitée par des normes ouvertes et des protocoles communs, est cruciale pour éviter la fragmentation du marché et améliorer l’expérience utilisateur. Le fait que les infrastructures de recharge puissent communiquer efficacement entre elles, sans que l’utilisateur ait à se soucier de la compatibilité des systèmes, est un facteur essentiel pour rassurer les consommateurs et encourager l’adoption des véhicules électriques à grande échelle.
En combinant des exigences de sécurité strictes avec une interopérabilité renforcée, Virta participe activement à la modernisation du secteur de la recharge. Cette approche permet d’améliorer l’efficacité des services, mais aussi de rassurer les utilisateurs sur la sécurité et la fiabilité des infrastructures, des éléments essentiels pour maintenir la dynamique de la transition énergétique.
